Ciné-Doc a le plaisir de vous présenter le documentaire Contradict. L’un des réalisateurs Thomas Burkhalter sera présent pour une discussion après la
projection.
La saison débute avec Contradict qui vient de remporter le Prix bernois du cinéma. Le film est une plongée dans l’univers musical de jeunes artistes ghanéen·nes. A travers leurs textes et leurs clips plein d’humour, ils et elles rappent leur vision d’un futur meilleur pour leur pays et leur continent. A l’heure du monde connecté, ces activistes deviennent les représentant·es et universel·les d’une jeunesse en mouvement, faisant écho à l’actualité. Quand les rêves de toute une jeunesse deviendront-ils réalité? Avec créativité et détermination, ces artistes ghanéenes bousculent tout dans un appel urgent d’une génération éprise de changement.
Présenté en 2020 aux Journées de Soleure, Contradict est un ovni cinématographique qui décoiffe, un film qui donne envie de se lever de son fauteuil pour se mettre à danser.
Contradict, Thomas Burkhalter et Peter Guyer, Suisse, 2020, 88’,
VOSTFR, 14/14 ans
Le Sentier, dimanche 11 octobre, 10h30, La Bobine
Discussion en présence de Thomas Burkhalter, coréalisateur
Aussi à Payerne, Chexbres, Bulle, Morat, Tavannes, Delémont, Orbe, Monthey et Martigny
Détails: www.cinedoc.ch
Cinq questions à Thomas Burkhalter, réalisateur avec Peter Guyer du film Contradict
Dans le film, nous suivons plusieurs artistes, comment se sont faites ces rencontres?
J’ai pu connaître le travail du groupe FOKN Bois grâce à un film musical hip-hop qu’ils avaient réalisé, «Coz Ov Moni». Nous les avons invités à Berne en 2012 à l’occasion du festival organisé par la plateforme Norient. La scène musicale autour d’eux est si passionnante que j’ai souhaité en faire plus, et nous avons filmé au Ghana pour la première fois en 2013. Plus tard, nous avons rencontré d’autres artistes sur place, de différentes générations, et dont certains avaient déjà beaucoup travaillé entre eux.
Quels sont les enjeux politiques et sociaux pour les jeunes aujourd’hui au Ghana?
Que revendiquent-ils et elles?
La jeunesse est informée et ouverte sur le monde mais a peu de possibilité de s’épanouir. Ce manque de perspectives conduit à une grande frustration, à une colère aussi, comme on peut le percevoir dans le film. Pour les artistes, la musique représente une opportunité pour une carrière internationale, grâce aux possibilités offertes par internet, mais ce n’est pas facile. Ces jeunes gens cherchent à créer des alternatives, de nouvelles possibilités de travailler. La réalité d’aujourd’hui est qu’il y a peu d’emplois, beaucoup de corruption en politique, et cela dans une société assez conservatrice.
Pour certains de ces artistes, le plus important est d’inspirer les gens, les inciter à réfléchir et à être critiques, pour que des changements se fassent progressivement.
Peut-on voir la musique comme un outil d’activisme?
Je pense que la musique peut inspirer le changement, elle le fait à travers le monde depuis plusieurs décennies. Dans le cas du Ghana, comme on le voit dans le film, ces artistes cherchent à attirer l’attention autour des problématiques de changement climatique, de corruption, etc. Les FOKN Bois utilisent eux beaucoup l’ironie et les jeux de mots. La question peut se poser si cela suffit, en comparant ce type d’activisme à d’autres, où l’on va au front. Il est difficile d’y répondre, je crois que ce sont simplement des façons différentes d’être activiste, et qu’elles peuvent toutes deux conduire au changement.
Ces artistes ont créé plusieurs vidéos à l’occasion de ce documentaire.
Le film est une réelle collaboration. Nous avons travaillé étroitement avec tous les musiciens et musiciennes. Dans le film, toutes et tous ont un clip vidéo qui a été réalisé avec leurs équipes sur place, et que nous n’avons pas retravaillé, il s’agit vraiment de leurs productions. Cela donne je crois un patchwork de différentes perspectives sur la musique et la politique au Ghana.
Un message à transmettre pour le mot de la fin?
Il me semble important aujourd’hui d’écouter ces jeunes artistes et de prendre leur message au sérieux. Il est temps que le monde change. J’espère que ces artistes, M3NSA, Wanlov the Kubolor, Adomaa, Worlasi, Akan, Mutombo Da Poet et Poetra Awantewa, pourront avoir une chance et avancer, et que leur message aura une influence.
Propos recueillis par Mélissa Veuthey